Des yeux d'un bleu céruléen se pose sur la gare. Elle attend avec afféterie. Elle attend et pourtant il n'y aura personne. C'est une gare qui a gardé l'esprit de l'art nouveau. Je suppose que c'est pour ça qu'elle aime y rester à attendre.

Elle doit passer un concours de musique. Du piano. Elle doit interpréter le concerto en si bémol de Brahms. Elle, elle veut l’interpréter avec lenteur, je le sais... Je l'entends jouer derrière les murs de sa maison. Elle veut surement imprégner la salle d'un son qui traverse les âges avec plus de volupté. Mais voilà elle attend.

La gare c'est attendre comme voyager. Voir les trains partir la fait voyager dans sa tête. Elle est là pour se calmer je pense. Mais elle a le sourire de quelqu'un d'amoureux. Amoureuse de quoi. De son départ dans les hautes sphères d'un philharmonique.

Elle est si jeune. Elle est si frêle. Mais si déterminée. Je suis jalouse à mourir. Alors je la suis. Peut-être qu'elle sait que je suis là mais rien ne la perturbe. Je crois que c'est moi qui suis amoureuse. Amoureuse de son charisme, de son assurance, de ses courbes légères et élancées. Que puis-je y faire?

C'est l'hiver, nous sommes en novembre. Ses petites joues sont roses comme les miennes. Nous sommes si blanche toutes les deux. Alors ça nous donne un air probablement plus vivant.

Je vais vous étonnez je ne lui ai jamais parler. Pourtant on habite la même rue Victor Hugo verdi d'aulnes. Oui c'est un petit village ou la nature est très prégnante. C'est reposant, assez pour jouer encore et encore les mêmes sonates. Je sais que elle est moi nous serons vendredi devant "Le vampire" de Munch dans cette salle si grande qu'est le philharmonique de Paris.

"Le vampire" de Munch... Ces couleurs chaleureuse, cette rousse magnifique qui embrasse un homme en son sein dans un halo sombre à la forme de leurs silhouettes. Serais-je le vampire de Claudia. Si je la bas, je gagnerai son respect et peut-être me parlera t'elle.

Moi aussi j'attends Claudia. Plus que de devenir musicienne, je l'attends elle.

Je ne sais pas trop pourquoi je me suis mise à la musique. Le fait d'avoir baigné dans la musique classique de ma mère. Je voulais probablement lui plaire et il s'est avéré que je n'étais réellement pas mauvaise. Alors je gagnerai, pour Claudia, pour maman.

Le jour vint. Et ce fut un vrai fiasco, j'ai eu tort de choisir "Clair de lune" de Debussy. Cela n'a impressionné personne. Mais Claudia était émue. Elle est venue me voir pour me dire que mon interprétation était d'une tristesse touchante même si ce n'est pas la plus difficile des choses à jouer. Elle m'a parlé !!! Pas dans la gloire... mais elle m'a parlé !!! Je veux encore qu'elle me parle, je veux son amitié, c'est puéril. Vint son tour. Elle joue de tout son cœur, de toute son âme. C'était époustouflant. C'est sur c'est elle qui remportera le concours. Et moi ou je vais être. A t'elle eu pitié de moi pour me faire ce compliment. Moi je l'ai cru sincère. Je ne sais plus quoi penser mon esprit s'embrouille.

Le lendemain après une nuit de voyage en train harassant, je dormis toute la journée. Le surlendemain je vins toquer chez elle. Sa mère m'ouvre, je dis que j'ai participé au même concours et que je voulais la remercier pour avoir aimé mon interprétation. J'étais une fille, elle n'avait donc aucune méfiance sur mes intentions. Elle me prie de rentrer. Et je la vois assise sur le sofa un bouquin à la main, "les nourritures terrestres" d'André Gide. Oui c'est bien ce que je pensais, elle voyage dans sa tête.

Je m'approche elle pose son livre avec un sourire, elle me reconnait. Je lui dis que je la remercie et prestement je finis par bégayé. Elle me dit que ça l'avait touché et que le jury c'était trop basé sur la simplicité du morceau et pas sur l'essence qui s'en dégagé. Je ne savais plus quoi dire. Tant de compliments de sa part faisaient bondir mon cœur. Je lui dis que je suis touchée. Je lui demande si nous pourrions nous revoir. Alors elle me dit sans joie que dans une semaine elle part à Paris pour son école de musique. En novembre... Je ne comprenais pas. Chancelante je lui dis que je dois partir, j'ai des devoirs à faire, ce qui était faux.

Je ne l'ai plus revu à la gare. Même pas croisé dans notre rue. Il ne me restais plus rien. Ma mère était déçue de m'avoir vu choir pour une erreur de choix de musique. Elle qui est si douce et si compréhensive en tant normal.

Je viens de rater Claudia et mon avenir.