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Rêves et histoires pour le plaisir.

La pierre

Publié le 13 Novembre 2018 par Adélie Carpentier

Dans la tourbière, marécages des anges, se trouve un souvenir au fond de l’eau stagnante. Un souvenir des tumultes d’une vie, des dangers, de la mort, de la vengeance mais aussi de l’amour.

Ce souvenir c’est une pierre. Une opale vespérale. Elle contient en elle toute l’histoire d’une personne. Elle absorbe tout pour ne jamais le rendre.

Seule une femme pouvait la jeter là, entre ciel et eau vaseuse.

La question qui vous brûle les lèvres c’est pourquoi ? Je vais vous le raconter.

Léa, une jeune femme de 22 ans aux cheveux blonds et aux lunettes rondes qui lui donnent un air sérieux, était en deuxième année de lettre à la fac du Mirail. Elle était adorée de tous et elle conservait une prestance et une dignité d’esprit qui menait à l’apogée de la fascination et du respect.

En plus de son amour pour les livres. Elle avait toujours cette afféterie quand elle portait à ses lèvres son café dans son bar préféré, « Le Bohème ».

Elle lisait, buvant, souriant, minaudant devant certaines figures de styles impromptus d’un auteur maladroit.

Sa passion pour les livres qu’elle dévorait, l’aidait à avoir des notes fameuses. Son intelligence aiguë et sa sensibilité y était pour quelque chose. Une intelligence qu’il lui a valu l’admiration des professeurs. Surtout d’un certainMonsieur Elazar, professeur de lettre depuis 10 ans à la fac. Il se plaisait à s’exalter pendant qu’il donnait ses cours magistraux. Un passionné comme on dit. il était pourtant dans la vie courante plutôt taciturne, réservé et introverti.

Léa adorait ses cours d’une ferveur d’esprit sans égale. À tel point qu’elle voulu connaitre l’homme derrière le masque du doctorant.

Alors à chaque pause elle lui posait des questions sur les anti sonnets de Racine afin de gagner sa confiance en évitant d’en arriver à une intimité brutale.

Peu à peu ils riaient, peu à peu ils se souriaient de plus en plus jusqu’à ce que la complicité s’installe pour de bon et peu à peu laissa place à une sorte d’amitié que je ne pourrai vous définir.

Les autres pensaient qu’ils étaient amants. Eux ils s’en fichaient. Soif de vie, soif d’attachement peut-être mais pas soif de passion. Ils avaient plus que ça. Leurs âmes se répondaient mutuellement. Ni mots, ni caresses ne pouvaient aller aussi loin que cette communion parfaite.

Mais un jour Léa décida d’avoir un petit ami. Un camarade de classe de lettre classique. Un gentil garçon somme toute, mais avec rien de particulier. Aucune personnalité, effacé même devant Léa. Je crois qu’elle l’a choisi pour ça, pour ne pas tarir cette osmose qu’elle entretenait avec Monsieur Elazar.

D'ailleurs celui-ci décida aussi d’avoir une conjointe. Une femme de bonne famille mais simple professeur d’anglais au lycée.

3 ans plus tard ils se marièrent, 3 ans plus tard Léa était fiancée à son benêt de compagnon.

Loin pourtant de quitter sa relation d’amitié plaisante avec son professeur, de son prénom François, elle buvait à présent ses cafés avec lui dans son bar fétiche. Chaque discussion était un plaisir intellectuel. Puis un jour le hasard d’un regard leurs firent remarquer que ce lien qui les unissait était de l’amour.

Quelle ignorance !!! Tristan et Iseult, bien que personnage de fiction, en auraient le sang bouillonnant d’incrédulité devant leurs bêtises.

Même Héloïse et Abelard, dont ils se rapprochent le plus en terme de relation, s’arracheraient les yeux au lieu d'écrire leurs lettres cryptées derrière la spiritualité de l’élévation du Christ.

Et oui c’était de l’amour, le véritable.

Mais tous deux s’évertuaient à n’y voir quand même qu’une communion intellectuelle plutôt que l’effervescence de deux âmes qui jouissent à êtres sœurs.

Tous deux avaient des principes et donc des engagements vis à vis de leurs conjoints respectifs et ils s’y tenaient.

Léa finit par se marier elle aussi. Elle avait maintenant 32 ans et François 47. 10 ans s’était écoulés et leurs cœurs n’ont laissé de place que de plus en plus à l’autre.

Un matin de novembre ils prirent leurs fameux cafés et avouèrent enfin l’infidélité de leurs cœurs en vu de leurs époux respectifs.

« Le bohème » ne convenait plus. Surtout pour ce genre de discussion. Alors ils commencèrent à aller au jardin japonais.

Ils commencèrent à se tenir la main, puis à s’enlacer et en enfin... à s’embrasser.

Le désir qui accompagne l’amour prit le pas et ils devinrent amants.

Parfois ils réfléchissaient et ils pensaient avoir perdu du temps à ne pas reconnaître l’évidence.

3 ans s'écoulèrent sans qu’aucuns d’eux ne décident de quitter le confort financier de leur mariage.

Malheureusement la femme de François les surprirent une fois à se tenir la main dans une petite épicerie.

Les ennuies commencèrent, la vérité éclata et Léa suivit le pas en disant à son époux que comme François n’avait jamais aimé sa femme, elle aussi ne l’avait jamais aimé lui, cet insignifiant garçon.

Les divorces qui suivirent pour cause d’adultères, leurs firent perdre leurs biens. Heureusement François n’avait pas d’enfant ni Léa. Mais à par cela la casse ne fut pas si lourde.

Léa était devenue professeur de lettre elle aussi à la fac. Et ils ne cachaient plus leur amour. C’était le couple de professeurs réunis par la passion de la littérature. Ils avaient perdu beaucoup de temps et secrètement tous deux s’en voulaient.

1 ans de plus s’était écoulé. François, environ au début d'octobre, reçut ses nouveaux élèves de première année dont la jeune et fringante Alyssa de 20 ans. Elle était belle, provocante avec un air blasé très année 70 surtout quand elle avait sa clope au bec.

François n’avait jamais connu de désir charnel auparavant. Et paradoxalement les années passaient avec Léa l’avait rendu plus sûr de lui, plus viril et plus épanoui. En cela sa personne se transformait en un être libidineux, curieux de vivre.

Alors il flirta avec son élève qui ne daignait lui accorder que des hochements de tête à tout ce qu’il pouvait lui dire.

Alors elle l’obséda et Léa commença à s’effacer de sa tête. Mais dans sa frustration causée par le dédain d’Alyssa, il demanda Léa en fiançailles. Il aimait Léa mais il avait besoin d’aventures. Il n’en avait jamais connu après tout.

En grande pompe le soir de Noël dans sa famille, il fit sa grande déclaration et lui offrit une magnifique opale sertie de feuilles d’argents. Elle en fut heureuse. Mais elle ne connaissait pas la signification de cette pierre et François l’ignorait aussi. Il l’avait juste trouvé d’une beauté pure.

Alyssa avait apprise les fiançailles de son obsédé de professeur. Alors comme toute jeune femme qui aime le danger de l’interdit, elle commença à feindre de s’intéresser à lui.

Elle commença à lui sourire au premier rang. Il bégayait ce qui l’amusait beaucoup. Ensuite elle mit plus de décolletés. Puis elle commença à lui toucher l’épaule avec un sourire malicieux entre deux cours quand il lui donnait des astuces méthodologiques.

Pendant les vacances de février, alors que Léa se trouvait chez sa mère, il invita Alyssa à un café philo. Café philo qui se termina bien vite dans le vin et la débauche.

Après avoir obtenu le gain de son jeu, Alyssa se désintéressa de lui. Mais il s’acharna jusqu’à lui offrir la même bague que celle qu’il avait offert à Léa.

Elle la trouva jolie alors elle la porta.

Léa avait aussi Alyssa dans son cours de littérature contemporaine. En rendant des copies corrigées elle aperçut la bague. Elle cru en une coïncidence et fini par en parler à François. Il ne pût cacher un soubresaut de culpabilité. Non pas qu’elle avait encore compris mais elle trouvait qu’il y avait quelque chose de bizarre.

Naturellement plus tard elle demanda à Alyssa où est ce qu’elle avait trouvé cette bague. Elle lui répondu sans mesurer ses mots et dit que c’était Monsieur Elazar qui le lui avait offerte sans lui dire la raison et Léa ne voulut pas savoir plus. Plus aucun soupçons ne pouvaient se faire. Léa avait compris.

Elle ne s’énerva pas. Les jours suivant elle traita son fiancée comme tous les autres jours avec leur petit rituel du café, jus de fruit, toast le matin et leurs fameux verres de vin le soir devant la cheminée après une longue journée de travail.

Son esprit devant plus tumultueux, alors elle acheta quantité d’opale ainsi que de la mort au rat.

Elle pilait ce mélange le soir pour le mettre dans le Gaillac capiteux de son futur époux. Elle l’apportait toujours prestement avec un tendre sourire tout en gardant l’intimité et la complicité d’antan.

3 années s’écoulèrent ainsi. Il finit par succomber.

Son opale avait absorber toute sa haine. Elle en avait fini. Il était temps de s’en séparer dans la tourbière de son enfance. Elle trouvait cela romantique de s’y rendre seule pour jeter la flamme de sa haine et de son amour.

Après l’autopsie elle fut arrêtée pour crime passionnelle.

À présent elle était sereine car l’opale était entre ciel et eau et là était conservait l’histoire de sa vie. L’histoire d’une vie d’amour, une vie douce que la vengeance a sublimée en paix. Une paix malsaine. Une paix qui durera toute sa vie.

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